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La chanteuse soul de Brooklyn, Kendra Morris, en tournée française en octobre

Son nouvel album 'I Am What I’m Waiting For' a été produit par Torbitt Schwartz (Run The Jewels)

Kendra Morris entame une nouvelle étape de son parcours dans I Am What I’m Waiting For, son cinquième album. Co-écrit et coproduit par Torbitt Schwartz, alias Little Shalimar (moitié du duo hip-hop Run The Jewels), le nouvel album de la chanteuse, songwriter et guitariste Kendra Morris combine sa puissante et rugueuse voix soul et des arrangements lumineux entre funk, pop, rock, dub, exotica et doo-wop. Comme dans un girl-group des années 1960 supervisé par Nick Lowe et PeeWee Herman, ou comme si Dusty Springfield avait été à la tête de Spoon à l’époque de Kill The Moonlight... I Am What I’m Waiting For est vibrant, varié et riche en personnalité.

La chanteuse dévoile aujourd’hui un premier single, la chanson-titre de l’album.  Voir la vidéo ci-dessous:

Enfant musicalement précoce, Kendra Morris fait ses premiers pas sur scène dans les bars de Floride, puis se rend à New York pour réaliser son rêve. Tout d’abord barmaid au cœur de la fertile scène post-Strokes de Manhattan, elle est repérée par le producteur Jeremy Page lors d’une performance en solo. Leur fructueuse collaboration donne lieu à une série d’albums et de EP entamée en 2012 avec Banshee. Sorti l’an dernier, Nine Lives marque la fin de ce partenariat, en même temps que le début d’une remise en question pour Kendra Morris.

En compagnie de Torbitt Schwartz, Morris est sortie de sa zone de confort en écrivant de nouvelles chansons guidées par l’authenticité et la confiance en soi face aux défis du quotidien. « Ce sont les textures et les détails spécifiques de l’existence, de la musique et de l’art qui donnent un sens à la vie », explique Kendra Morris. I Am What I’m Waiting For magnifie ces petits détails, et dresse un autoportrait sans fard rendu passionnant par ses imperfections.

 

Il y a quelques semaines, Kendra Morris annonçait par ailleurs une tournée française en tête d’affiche, qui passera par Paris le 4 octobre 2023. Voir les dates ci-dessous:

Il y a quelque chose d’indéniablement hors du temps chez Kendra Morris et dans son irrésistible nouvel album I Am What I’m Waiting For (Karma Chief Records). Ce dernier combine des voix puissantes et rugueuses avec des arrangements révélant une énorme collection de disques et un léger penchant pour les sonorités joyeuses — imaginez Dusty Springfield à la tête de Spoon à l’époque de Kill The Moonlight, ou un girl-group des années 1960 supervisé par Nick Lowe et PeeWee Herman. Il est vibrant, varié et riche en personnalité.

« Comment mettre de soi-même dans un album ? Avec Torbitt, nous avons voulu donner l’impression qu’on avait sondé mon cerveau », explique Morris en évoquant son co-auteur et producteur Torbitt Schwartz, alias Little Shalimar (Run The Jewels). Morris est une artiste visuelle accomplie et une spécialiste de l’animation en stop-motion, et I Am What I’m Waiting For adopte l’approche du collage en réassemblant avec habileté un grand nombre d’ingrédients rock — l’attitude et l’impertinence de Ronnie Spector, les recoins les plus acides des compilations Nuggets, les éléments post-modernes de l’exotica des années 1950, les caisses claires claquantes et l’urbanité sucrée d’ESG — tout en offrant les moments d’introspection et de vulnérabilité d’une vie passée à la poursuite de la créativité.

Crédit photo : Rosie Cohen

Morris était une enfant musicalement précoce, et après avoir joué dans des groupes de bar en Floride, elle s’est rendue à New York pour réaliser son rêve. Ainsi démarre une carrière de treize ans en tant que barmaid à The Library, un lieu apprécié du Lower East Side qui l’a directement propulsée au cœur de la fertile scène post-Strokes de Manhattan. Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre) habitait à l’étage supérieur, le journaliste musical Marc Spitz était un habitué et les groupes en tournée venaient y passer du bon temps après avoir joué au Bowery Ballroom. Lors de ces moments, Morris aspirait à rejoindre le cercle fermé des musiciens installés de l’autre côté du bar.

Pendant tout ce temps, Morris a poursuivi ses rêves de musique. « C’était du pur bricolage, à 100%. Je n’ai jamais accepté de réponse négative. Si je n’avais pas d’argent, je me débrouillais pour y arriver en faisant des vidéos, des illustrations, n’importe quoi. »  Au lendemain de la séparation de son premier groupe, elle enregistre une démo de 8 titres et se produit en solo, accompagnée par une cassette de ses propres harmonies vocales. Lors de ces concerts, elle rencontre le producteur aguerri Jeremy Page. Un signe du destin.

« J’ai travaillé avec Jeremy pendant les dix années qui ont suivi, et même plus », raconte Morris. « Nous avons travaillé ensemble sur les choses les plus belles et les plus difficiles de ma vie. » Une collaboration fructueuse : Morris signe avec le label Wax Poetics pour Banshee, son premier album « séduisant et soulful » (selon Rolling Stone) paru en 2012, suivi de Mockingbird (2013) et de l’EP autoproduit Babble (2016 et réédité cette année), avant de signer avec Karma Chief pour Nine Lives (2022), un disque « magnifiquement chanté » pour MOJO. Elle s’est associée à des collaborateurs de premier plan, dont DJ Premier, MF Doom, Ghostface Killah et David Sitek. Interview Magazine l’a qualifiée de « Janis Joplin moderne » et NPR a fait l’éloge de sa « néo-soul luxuriante et habitée. »

Malgré sa solide relation professionnelle et personnelle avec Page, Morris savait qu’elle devait trouver une énergie nouvelle pour son projet suivant. « Lors de mon anniversaire, en avril dernier, j’ai eu un déclic : « Merde, j’arrive à mi-chemin de l’espérance de vie humaine ! Je dois me secouer ! ». Avec Jeremy, on pouvait écrire des chansons les yeux fermés… Mais si on veut évoluer, il faut sortir du confort. »

Après avoir rencontré Schwartz, elle a entamé la réalisation d’I Am What I’m Waiting For. Morris était impatiente de rompre avec ses vieilles habitudes : elle s’est mise à rejouer de la guitare sur scène, et a réalisé que ce qu’elle prenait pour des tics censés compenser son manque de technique était perçu par d’autres comme une signature rythmique originale et pleine de style. Elle a exhumé d’anciennes chansons et les a retravaillées. Des prises imparfaites étaient tolérées. Elle a imposé un moratoire sur les chansons d’amour. « J’avais besoin de me faire peur pour grandir », déclare-t-elle.

Par chance, le risque a fini par payer. En plus d’incarner une réinvention sonore sophistiquée et lumineuse, I Am What I’m Waiting For exprime sans filtre sa vision idiosyncrasique du monde. « Special » adopte une approche sombre pour mieux affronter la peur et l’improbabilité statistique. Kendra Morris : « Je déteste prendre l’avion. Je n’ai aucun contrôle là-dessus et ça me rend folle. Je prends souvent l’avion, mais je me dis que statistiquement, j’ai autant de chance de m’écraser que de gagner à la loterie. Et je n’ai jamais rien gagné. » Cet hymne se nourrit des petites choses qui donnent du goût à la vie— une alternative aux influenceurs et aux charlatans du développement personnel qui polluent votre fil d’actualité.

Plus loin, « Dominoes » et ses cloches transforment les banals conflits du quotidien et de la cohabitation en cri de ralliement digne des Ronnettes, tandis qu’« All Your Jokes », un titre aux couleurs exotica, examine « le besoin de se sentir vulnérable à l’intérieur d’une relation où l’on a quelque chose à perdre. » On trouve aussi le doo-wop brumeux de « Birthday Song », une tentative courageuse de renouveler le registre des chansons d’anniversaire.

Proche du titre de l’album, « What Are You Waiting For » capture son essence : des attaques de guitare cèdent la place à des breaks de sirènes et de bongos tandis que Morris loue l’authenticité et la confiance en soi. Une déclaration frontale face à l’optimisation des algorithmes. « Quand on se présente à quelqu’un, on peut résumer les grandes lignes de sa vie en quelques mots », explique Morris. « Mais ce sont les textures et les détails spécifiques de la vie, de la musique et de l’art qui lui donnent un sens. » I Am What I’m Waiting For salue courageusement ces petits détails. Ce disque rare est également un autoportrait sans fard rendu passionnant par ses imperfections.

I Am What I’m Waiting For Tracklist:

1. When I Go To Space
2. Anywhere
3. What Are You Waiting For
4. Dominoes
5. The Door
6. All Your Jokes
7. Special
8. Still Spinning
9. Nightsnake
10. Birthday Song
11. One Last Joyride

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Chuck Prophet + GA-20

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