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Eddie 9 Volt, prodige soul-blues originaire d’Atlanta.

Il fait des étincelles sur 'Capricorn', nouvel album hommage aux célèbres studios américains.

Après avoir fait sensation avec une paire d’albums d’un blues électrique old school inspiré par ses héros Elmore James et Freddie King, Eddie 9V, guitariste, chanteur et songwriter prodige d’Atlanta prend ici un virage soul vintage pour rendre hommage aux mythiques Capricorn Studios, où enregistrèrent jadis The Allman Brothers Band ou Percy Sledge.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Eddie 9V était appelé par les studios Capricorn . Quand, encore gosse, il fouillait dans les bacs de son disquaire, la légendaire firme de Macon, Géorgie, était toujours l’ingrédient secret capable d’ajouter un peu de rugueux et du miel aussi à chaque chanson née entre ses murs. C’est le studio Capricorn et les groupes qui s’en échappèrent qui incitèrent le jeune guitariste d’Atlanta à plaquer l’école à l’âge de 15 ans, à jouer de sa guitare jusqu’à avoir les doigts ensanglantés dans tous les clubs possibles du Sud (des Etats-Unis), pour, au final, transformer l’apathie en succès avec ses deux premiers albums Left My Soul in Memphis (2019) et Little Black Flies (2021).

Eddie a passé son premier quart-de-siècle à admirer Capricorn de loin. Mais en décembre 2021, le musicien de 26 ans a enfin pu apposer son empreinte sur l’histoire mythique du studio. Après avoir assemblé un groupe comptant onze des meilleurs musiciens roots du Sud des Etats-Unis, il était fin prêt pour l’enregistrement de son troisième album. “Notre excitation était à son comble de nous trouver dans un studio aussi légendaire » confesse-t-il. « Mais nous nous sommes pris dans les bras et nous sommes mis, ensuite, aussitôt au travail ! Tout le monde était joyeux et motivé à jouer au meilleur niveau possible. »

Vous ne venez pas chez Capricorn pour un avoir un son raffiné ou léché. Eddie, dont les premiers disques ont été salués pour leur côté puriste et authentique, commente : « dans un monde où tout le monde essaie d’avoir le meilleur son, j’essaie juste de sonner comme moi. Mon but est toujours que l’auditeur ait l’impression d’être dans le studio avec nous. Donc, si jamais, lors des sessions, on entendait une pédale de grosse caisse grincer ou si l’un d’entre nous riait, on gardait tout ça sur bande. C’est aussi notre façon de coller un timbre sur une chanson. »

L’approche old-school d’Eddie ne date pas d’hier. Né Brooks Mason en juin 1996, il acquis sa première guitare à l’âge de six ans, “du genre avec enceinte intégrée, histoire d’en avoir le maximum pour notre argent”. Ignorant la scène pop qui régnait alors auprès de ses petits camarades du lycée de Oak Grove, il s’intéressa plutôt à des héros locaux comme le regretté Sean Costello et se mit à étudier la musique de « vieux loups » comme Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Freddie King et Rory Gallagher “ notamment pour étudier leur groove », confesse-t-il. Ses paroles directes et parfois drôles, Eddie les tient des repas familiaux autour de poisson frit, où son oncle Brian lui apprit à faire rire les gens et capter l’attention d’un auditoire.

Quand Eddie commença à infiltrer le circuit des clubs de son état – tout d’abord avec un groupe de reprises baptisé The Smokin’ Frogs, puis avec un combo blues-rock du nom de The Georgia Flood – il fit rapidement sensation auprès du public venu le découvrir. Ensuite, sa vision artistique fut complète quand il décida de “tuer” Brooks Mason pour adopter un sobriquet promettant une soirée électrique : “Eddie 9 Volt” !

Il y avait bien trop de groupes r&b à la Joe Schmo” commente-t-il. “J’étais un jour sur la route avec un autre groupe et on s’est mis à parler comme des gangsters. On s’est tous donné des surnoms: le mien fut Eddie.”

Ses premiers albums, Left My Soul in Memphis puis Little Black Fliesfurent tous deux à la fois salués par la critique et le public, Classic Rock vantant notamment le « blues instinctif et singulier » du musicien. Mais ces nouvelles sessions Capricorn présentent sans doute Eddie 9V de la façon la plus fidèle. “Pile après un disque de strict blues, je voulais montrer à tout le monde que nous sommes bien plus que cela” commente-t-il. « J’ai passé beaucoup de temps à écouter de la soul, du son provenant de Muscle Shoals ou bien des disques Capricorn enregistrés à la fin des années 60. C’est dans mon ADN. Nous n’avons pas eu besoin de réviser et avons surtout passé du temps, cette fois, à fignoler nos compositions. Chaque chanson a nécessité une semaine d’écriture, alors que du temps de l’album Little Black Flies, c’était cinq chansons en une nuit ! »

“Beg, Steal and Borrow” ne ment pas sur la marchandise avec sa soulbien charpentée, appuyée par des cuivres de Memphis. “Yella Alligator”, comme son titre l’indique, fleure bon le bayou, avec ses guitares slide. “Bout To Make Me Leave Home” est un shuffleentraînant où Eddie semble avoir improvisé sa partie vocale. Après une pause gospel avec “Are We Through”, le groove tranquille de l’orgue sur « How Long » nous conduit directement à “It’s Goin’ Down”, fusion porch blues psychédélique.

Les textes de ces nouvelles chansons sont plus personnels, plus profonds sur cet album » commente Eddie. « Prenez par exemple “It’s Goin’ Down”. Cette chanson parle vraiment des problèmes d’addiction à l’alcool que j’ai connus à un moment, la vie nocturne dangereuse dans les bars, et toutes les drogues qu’on vous offre sur un plateau d’argent quand vous êtes un musician en tournée. Et, en même temps, l’un de mes titres préférés, « Yella Alligator » évoque une fête fictive et psychédélique dans le bayou…”.

Résolument éclectique, Capricorn revisite aussi le “Down Along The Cove” de Bob Dylan, façon blues-rock sudiste. Suit le spiritual gorgé de feeling “Mary Don’t You Weep” interprété par la chanteuse Khristie French. Quand retentissent les dernières notes du final “I’m Lonely”, c’est les rires d’Eddie qu’on entend en guise de conclusion lorsqu’il réalise qu’il a tout donné :  “Il faut que je sorte de ce studio…!”

Ne rencontrez jamais vos héros, dit-on, et de nombreux jeunes artistes ont pu parfois se sentir submergés en foulant la terre sainte de leurs studios de rêve. Chez Capricorn, Eddie 9V a « inspiré » l’histoire mais l’album qu’il a “expiré” est digne du nom Capricorn, et n’a aucun complexe à avoir vis à vis des grands enregistrements ayant eu lieu lors de l’âge d’or du studio. “Ce disque, nous l’avons fait” résume-t-il, “comme ils l’auraient fait en 1969…”

Capricorn Tracklist:
1. Beg Borrow And Steal
2. Yella Aligator
3. Bout To Make Me Leave Home
4. Are We Through
5. How Long
6. It’s Going Down
7. Tryin’ To Get By
8. Down Along The Cove
9. Mary Don’t You Weep
10. Missouri
11. I’m Lonely

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